Entre Morts et Vivants, Patti Smith

 « The Girl Called Johnny ».

                                        De ses débuts de vagabondages dans les rues de New York à la recherche de mots, de sensations poétiques, d’images à reproduire dans l’espace urbain jusqu’à la rencontre décisive avec Robert Mapplethorpe, photographe, amant puis ami, de l’égérie androgyne hantée par Rimbaud à ses entrées dans le monde pré punk du CBGB’s , Patti Smith devient la première rock star féminine,  à son corps défendant. Culte avant même d’avoir un répertoire fourni, sans gestion de carrière, elle est  un électron libre, mais, malgré ses évolutions, elle restera fidèle à ses convictions profondes et ses engagements artistiques pendant 50 ans.

Son inépuisable idéalisme réaliste  la conduit toujours sur les traces de Rimbaud, dont elle a fini par  acquérir la maison de famille récemment. Son œuvre musicale est une aventure inachevée  qui regorge néanmoins  de titres d’une force épique,  qui portent  le meilleur de l’ère punk ou rock américain. Sa marque, une réappropriation quasi spirituelle d’hymnes rock. Lancée en 1975, elle a déjà 30 ans, et s’est nourrie de la beat génération,  du folk de Bob Dylan, de la fougue des Who et même des rencontres avec Janis Joplin en tant que journaliste rock débutante. Proche de l’esprit de Television et de la scène américaine underground new-yorkaise, le Patti Smith Group va tenir  la deuxième moitié de la décennie 70. Puis, c’est l’éclipse, le retrait du monde rock et du show bizness au moment où elle est peut devenir plus qu’une icône, mais bien LA star du rock’n roll au féminin. Ce n’est pas pour rien si c’est Springsteen, le boss, lui-même, qui lui compose « Because The Night » qui reste, à ce jour, son  plus grand hit avec « People have the Power »  lors d’une réapparition en 1988 avant de redisparaitre un temps-de deuil- et de revenir paradoxalement nourrie  cette époque sombre.  

Depuis son retour,  avec de nouvelles créations,  de nouvelles productions discographiques,  deux publications d’ouvrages, des lectures publiques et théâtrales,  des tournées, des expositions d’œuvres picturales et de photographies d’art, elle prouve qu’elle est bien à la hauteur de l’admiration et de la curiosité retentissante qu’elle a suscitées dès ses débuts mais aussi bien à l’image de son vécu personnel. Chez Patti Smith, tout est lié, tout prend sens avec l’intuition. Ce que l’on peut d’ailleurs lui reconnaitre,  qu’on soit ou pas adepte de celle qui apparait parfois comme  une prêtresse ou une  passionaria, c’est sa singulière authenticité, son honnêteté  émotionnelle. Sa croyance en une vérité artistique entre réalité et imaginaire, entre héros morts et relations fusionnelles avec « ses autres egos artistes »  font d’elle aujourd’hui, une porte-parole vivante  d’une vision poétique, magnétique et mystique du rock. Elle ne se vit pas artiste mais vit dans l’univers artistique de la musique et de la poétique.

« Entre les vivants et les morts, Patti Smith »

C’est une émission spéciale consacrée au parcours artistique de Patti Smith, du déclassement social à la reconnaissance entre fulgurance et rupture, de la bohème à la fierté idéaliste : regard sur l’icône américaine.  Entre réalité turbulente et incantations, entre vies rêvées et vies vécues,  entre morts et vivants,  entre Rimbaud Rock et prêches bruitistes,  le monde de Patti Smith se réinvente au fil de sa vie et de ses rencontres. A suivre sur Radio Brume,  mardi soir.

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